Mesurer le risque est probablement l’acte le plus structurant – et le plus fragile – du conseil en gestion de patrimoine. Fragile, parce que derrière une apparente rigueur mathématique se cachent des conventions, des simplifications, parfois même des fictions collectivement acceptées.
La volatilité est devenue, depuis des années, la métrique centrale. Elle est partout : dans les questionnaires investisseurs, les documents réglementaires, les profils de risque, les rapports d’adéquation. Mais que mesure-t-on réellement quand on parle de volatilité ? Et surtout : comment doit-on l’agréger lorsqu’un client détient plusieurs produits financiers ?
C’est précisément à cette frontière entre mathématiques, réglementation et pratique professionnelle que se situe le débat.
D’un point de vue strictement financier, la volatilité mesure un écart-type des rendements passés sur une période donnée (1 an, 3 ans, 5 ans). Elle ne mesure ni la perte maximale, ni la probabilité de ruine, ni le stress psychologique d’un investisseur. Elle mesure la dispersion historique autour d’une moyenne.
Autrement dit : ✔️ c’est un indicateur de variabilité ❌ ce n’est pas une mesure exhaustive du risque réel
L’AMF elle-même, dans ses positions et recommandations, rappelle régulièrement que le risque ne se limite pas à un seul indicateur chiffré, et que la compréhension par le client prime sur la sophistication des calculs.
Un point est fondamental et souvent mal compris : 👉 l’AMF n’impose aucune formule mathématique officielle pour calculer la volatilité d’une allocation multi-produits.
Ce qu’elle exige, en revanche, c’est :
Le résultat doit être intelligible, traçable et défendable. La méthode, tant qu’elle est cohérente et prudente, relève de la responsabilité du professionnel.
Dans la pratique, chaque support financier arrive déjà avec sa propre volatilité agrégée.Cette volatilité intègre elle-même :
Autrement dit, une première “boîte noire” existe déjà.Lorsque l’on combine ensuite plusieurs supports, on empile des indicateurs qui ont chacun déjà gommé une partie de la réalité mathématique du risque.
C’est un point essentiel : le chiffre de volatilité fourni par un fonds n’exprime pas la corrélation avec les autres fonds du portefeuille. Il exprime un risque interne, pas un risque systémique.
Deux grandes écoles coexistent aujourd’hui dans la profession.
Première école : la moyenne pondérée des volatilités
C’est l’approche la plus répandue dans les outils.
On calcule une moyenne pondérée (arithmétique) des volatilités des produits, proportionnellement aux montants investis.Exemple :
👉 Volatilité moyenne affichée : 10 %
Cette approche a un avantage décisif : ✅ elle est simple, lisible, explicable ✅ elle permet une vérification automatisée de l’adéquation ✅ elle est cohérente avec la logique de diversification “produit”
Mais mathématiquement, elle est approximative. La vraie formule de la volatilité de portefeuille dépend des corrélations entre actifs. Et cette moyenne n’est strictement correcte que si les actifs sont parfaitement corrélés entre eux — ce qui n’est presque jamais le cas.
Certaines pratiques considèrent que :
si un client accepte une volatilité maximale de 10 %, aucun produit du portefeuille ne devrait dépasser ce seuil.
Cette approche est :
Elle revient à considérer que l’effet de diversification ne peut jamais être utilisé pour justifier un dépassement, même partiel, du seuil de risque accepté.
Capital Explorer fait un choix volontairement prudent et transparent.
Autrement dit :
Ce double niveau de lecture permet :
Parce que, dans la majorité des cas :
Simuler une volatilité “exacte” dans ces conditions serait donner une fausse impression de scientificité.
L’AMF ne le demande pas. Les clients ne le comprendraient pas. Et le gain réel en protection serait discutable.
La vérité est simple : 👉 il n’existe pas aujourd’hui de méthode parfaite et universelle de calcul du risque patrimonial.
La volatilité reste un indicateur utile, mais incomplet. Le véritable rôle du conseil n’est pas de produire un chiffre exact, mais de :
En ce sens, le calcul retenu dans Capital Explorer n’est pas une vérité mathématique absolue. C’est un compromis professionnel, aligné avec la réglementation, les pratiques de place et une logique de responsabilité.
L’enjeu du rapport d’adéquation n’est pas d’avoir la formule la plus sophistiquée, mais la décision la plus défendable. La petite coche verte sur l’écran n’est pas un symbole mathématique ; c’est un engagement de cohérence.
Dans un univers où une grande partie du risque est déjà estimée, agrégée, et parfois approximée en amont, l’honnêteté intellectuelle reste la meilleure protection du conseiller… et du client.
Et peut-être est-ce là la véritable mesure du risque :ce que l’on comprend vraiment, et ce que l’on est capable d’assumer.