Ces dernières semaines, le débat public autour de la fiscalité des holdings — ravivé par certains reportages télévisés — a remis sur le devant de la scène des mécanismes que les professionnels de la gestion de patrimoine maîtrisent depuis longtemps. Pourtant, ces échanges révèlent surtout une chose : une incompréhension profonde de la logique patrimoniale qui sous-tend les outils de capitalisation.
Car la holding, comme le contrat de capitalisation ou l’assurance-vie, n’est pas un « artifice fiscal ». C’est avant tout un outil de structuration du temps, du risque et de la liquidité.
La première erreur, fréquente dans le débat public, consiste à raisonner exclusivement en logique de revenu. Or, pour un entrepreneur, un dirigeant ou un grand investisseur, la question n’est pas uniquement : combien je gagne cette année ? mais plutôt : comment j’organise, je protège et je fais croître mon capital sur 20 ou 30 ans ?
C’est précisément là qu’interviennent les véhicules capitalisants.
Une holding permet de recevoir des flux déjà fiscalisés au niveau opérationnel, puis de les recycler dans une logique d’investissement, de réallocation ou de transmission. Tant que ces flux restent dans la sphère patrimoniale professionnelle, ils ne constituent pas un revenu personnel, mais une capacité d’investissement future.
Même logique pour les contrats de capitalisation ou l’assurance-vie : le capital n’est pas imposé tant qu’il n’est pas consommé. L’impôt n’est pas supprimé, il est différé, ce qui change tout en matière de rendement réel.
Contrairement à une idée très répandue, l’argent logé dans une holding n’est pas librement consommable. Il reste juridiquement et économiquement affecté à une société, avec ses contraintes, ses contrôles et ses objectifs propres.
La holding devient alors :
Pour un cabinet de gestion de patrimoine, la vraie valeur ajoutée ne réside pas dans le montage en lui-même, mais dans la cohérence globale entre holding, patrimoine privé et objectifs de vie.
L’un des angles les plus sous-estimés de la capitalisation est la gestion du risque.
En agrégeant l’ensemble des actifs — financiers, immobiliers, professionnels, logés ou non dans des structures capitalisantes — le conseiller peut enfin mesurer la volatilité globale du patrimoine, et non celle de chaque poche isolée.
C’est là que la holding ou le contrat de capitalisation prennent tout leur sens : ils permettent de laisser croître les actifs les plus volatils sans déclencher d’événement fiscal, tout en ajustant progressivement l’allocation quand certaines classes d’actifs ont pris trop de poids dans le bilan patrimonial global.
Autrement dit, on ne mesure plus seulement le risque « des capitaux placés », mais le risque du patrimoine dans son ensemble, en tenant compte :
Contrairement à certaines idées reçues, cette approche est loin d’être en opposition avec les principes prônés par l’AMF ou l’ACPR. Elle les complète.
La clé réside dans la distinction entre :
Les véhicules capitalisants permettent précisément ce pont : ils donnent le temps nécessaire pour que la décision patrimoniale s’inscrive dans une trajectoire cohérente, documentée et pilotable.
Pour les CGP, la maîtrise des holdings et des contrats capitalisants ne relève plus de l’optimisation marginale. Elle devient un socle stratégique :
La vraie question n’est donc pas : les holdings permettent-elles de payer moins d’impôt ?Mais bien : comment utiliser intelligemment la capitalisation pour piloter le risque, le temps et la transmission du patrimoine.
Et sur ce terrain, les cabinets de gestion de patrimoine ont plus que jamais un rôle pédagogique, structurant… et indispensable.